mercredi 28 octobre 2009

Question döner

Je me souviens d'un sketch de Desproges où il racontait le plaisir tout personnel qu'il avait à s'enfiler un pauvre corned beef sur du pain de la veille en glougloutant un pinard qui tache. Il était seul, rincé, la famille était loin, il venait de se prendre une saucée et en rentrant à la maison, paf! plus rien dans le frigo. "On ne peut pas avoir du caviar tout le temps, il faut parfois savoir apprécier un bon pâté" Cette citation (approximative) haute en gastronomie nous vient de Thierry Henry, alors qu'il commentait une prestation en demi-teinte de l'équipe de France. Voilà qui résume bien l'idée que je me fais de la junk et fast food. J'adore déguster une bonne bouffe, mais j'ai également un bon coup de fourchette et j'arrive tout autant à apprécier des trucs biens basiques et malsains au quotidien. Cette nourriture grasse, formatée, préparée et boulotée rapidement qui répond parfaitement aux astreintes du geek devant son ordi/clavier.



C'est dans un climat quotidien de guerre aux gros et de messages "viol mental" de manger/bouger.fr à la moindre annonce gastronomique que je me suis lancé dans la dégustation de ce nouveau met débusqué au rayon surgelé de mon prisunix : Le Kébab tout fait avec pain et tout! Il y avait déjà la poëlée façon Kébab mais ils ont osé allé au bout du concept. Mon dealer de Kébab à changé récemment et vous savez comme votre quotidien peut en être chamboulé. A 4€50 voir 5€ le kébab/frite dans les resto (seule spécialité culinaire parisienne à ma connaissance), les 3€20 en surgelé pouvait sembler tentant.

Its a trap!

Alors, ya quoi la dedans? émincées de volailles 18% (houla ça part mal!), eau, carottes, oignons, fonds de volailles (ah le substrat du bon poulet écrasé), amidon, crème fraîche, huile, épices, citron et même menthe en poudre... Bon déjà on commence avec une part de viande ridicule et en plus c'est de la volaille (poulet/dinde le combo pourri). Bon, c'est part le genre de truc qui va m'abattre! Le temps de préparation est satisfaisant, on lance les pains au micro-onde et on laisse mijoter la mixture le temps de se préparer à mater un bon tournoi SFIV commenté par Ken Bogard. Un bon point de ce côté là. Passons à la dégustation.

Vous pouvez admirer mon splendide plan de travail en forme de machine à laver

Et là c'est le drame! Je me dis "allez je vais me le faire façon assiette döner, sans fourrer le pain (ouais je dis des trucs comme ça)". Alors que flemmard que je suis, l'économie d'une fourchette pouvait s'avérer judicieuse. Si la texture parait peu ragoûtante, c'est parce qu'elle l'est! Boudiou, cette sensation de rouler une pelle au slime à un grippeux en phase terminale (faut dire ça maintenant). Et le goût alors? Le faible taux de bidoche aurait dû m'alerter, l'ensemble est bien fade et décevant, à des années lumières de ce que mon palet formaté au Kebab de qualitay ne saurait accepter. Peut-être aurais-je du rajouter salade et frites pour sauver l'ensemble, mais je rappelle au lectorat que nous somme ici pour manger vite et mal. Au final, cette portion pour une personne (2 avec des frites) est arrivée à combler mon estomac bien attaqué par 4 whisky à jeun. C'est déjà ça, mais on ne mis reprendra pas.

PS: Les images de ce billet sont tirées du très bon blog de Gally qui a écrit l'excellent"mon gras et moi".

Lire la suite ...

jeudi 8 octobre 2009

mourir pour la société, d'accord mais de mort lente

La mort sera le sujet de ce billet. Non pas la mort de ce blog, puisque ma transition de chômeur IRL me permet de reprendre du service par ici. Non, la mort c'est le sujet bien pesant de cette nouvelle série de Motorô Mase chez Azuka : Ikigami.


Entre Jeux Vidéo et Manga on peut dire que du mort, du cadavre, de l'exécution, du gore, du mort-vivant, ... sans vouloir paraitre nécrophile, on en a bouffé! Beaucoup crient à la banalisation, alors que les morts dans les jeux ne sont que le prolongement ludique de nos cow-boys Vs Indiens de notre enfance (enfin la mienne). "Pan t'es mort! J'ai gagné, t'as perdu". Dans le manga, comme au cinéma et tout sujet narratif, la mort sert souvent de ressort dramatique plus ou moins facile. Tout dépend de qui vous décidez de tuer dans votre récit. Ah Ah, la toute puissance du scénariste quand il n'a plus d'idées, que le perso deviens impopulaire ou que l'acteur de la série s'est fait viré. Et ces morts qui servent au climax, à l'ambiance. Tous ces hommes de mains dégommés, tous ces sidekick sacrifiés qui révèlent la toute puissance du héros, est-ce que les acteurs noirs meurt en premier?

Mais le manga dont il est question aujourd'hui parle de la mort, la vrai! celle qui angoisse, celle qui fait peur, celle qui m'a empêché de dormir 1 mois à l'age de 6 ans quand j'ai réalisé ma frêle existence. Laissez moi donc vous narrer le pitch à base de 4ème de couverture :
"dans notre pays, une loi entend assurer la prospérité de la nation en rappelant à tous la valeur de la vie. Pour ce faire, un jeune sur mille entre 18 et 24 ans est arbitrairement condamné à mort par micro-capsule injectée lors de son entrée à l'école.
Lorsque l'on reçoit l'Ikigami, c'est qu'il ne vous reste plus que 24 heures à vivre. Mais à quoi passer cette dernière journée, lorsqu'on n'a pas eu le temps de faire sa vie?"

Sympa hein? Et oui, tout au long de ce manga on suit les dernières 24 heures de jeunes condamnés au hasard. Les histoires narrées sont souvent poignantes mais pas si désespérées, parfois cyniques et rageuses. Ce principe épisodique est assez agréable à lire et prend le temps de se poser sur la psychologie du malheureux condamné. Mais surtout, il permet d'y aller à petites doses. Car, à parler de la mort aussi frontalement, l'homme de peu foi que suis ressent un brin de malaise. Je ne sais pas vraiment quel est le rapport à la mort au Japon, mais je pense qu'ils n'ont pas autant de tabous que notre Europe de culs bénis. Chez nous c'est retenue, silence et compassion. On expose pas trop le cadavre sauf si l'on peut le rendre bien présentable, les cimetières sont bien cachés des regards, incinérer le défunt, c'est pas très catho et parler de la mort au môme c'est le bout du monde. Sur tous ces aspects les japonais m'ont l'air plus détendus. Les dernier manga à traiter ce thème aussi violemment (c'est pas peu de le dire) sont les oeuvres de Hideki Arai que j'essaierai de vous présenter bientôt.


Mais au-delà du traitement de sujet plutôt original l'autre intérêt de cette oeuvre est évidemment la critique sociale qu'elle énonce tout du long. Car si à la lecture du pitch vous avez trouvé abordable cette idée de société, c'est que vous êtes sérieusement un connard. On en revient à cette question dont l'application diffuse mais constante fait froid dans le dos : quel sacrifice éthique sommes nous prêt à accepter sans broncher au nom du bon fonctionnement de notre société ? Si l'histoire nous a déjà montrer le summum de l'horreur sur cette question, je suis toujours impressionné par la capacité des dirigeants à tout justifier en cas de crise : crise économique, attentats (ai-je besoin d'illustrer...), virus, gauche au pouvoir (je veux dire par là que la droite s'est bien goinfrée sur la flexibilité),... Mais, alors que les œuvres de fictions tendent à transposer cette satire sociale dans un univers fictif, ce manga joue la carte du réalisme bien contemporain. La société présentée reflète parfaitement le japon d'aujourd'hui. L'auteur nous décrit, avec un réalisme saisissant, une machine administrative bien huilée, massive et imperturbable dans son bon droit à écraser toute revendication individuelle d'une société qui a depuis longtemps rendue les armes. Le héros, car il y en a un, est justement un petit pion de cette machine, un bon bureaucrate bien apathique qui essaye d'être consciencieux dans la délivrance de ces avis de mort. Son détachement face à sa mission, si bien ancrée dans les mœurs, fait froid dans le dos. Mais tout change toujours plus vite qu'une administration et ce thriller en pente douce laisse présager une intrigue bien amenée sur une certaine prise de conscience.

Au final, c'est une vrai bonne découverte, le dessin est agréable et expressif avec quelques belle envolées pleines pages. Les éditions asuka assure toujours du bon travail pour une édition tout de même 8€. Nous en sommes à 4 volumes en France pour 7 au Japon. Bonne lecture et n'oubliez pas de vous faire vacciner pour la grippe A hein?



Lire la suite ...